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Il était une fois la schizophrénie...
6 avril 2012

Ça s'est passé comme ça

Je ne sais plus comment ça a réellement commencé.
En Secondaire 1, il a redoublé son année. Il l'a donc refait. Ces 2 années ont été difficiles. Il était récalcitrant, opposant, il semblait consommer de la drogue et il avait l'air de consommer de l'alcool. Je ne raffolais pas trop de son groupe d'amis mais il ne jurait que par eux. À cette époque, je n'avais pas encore connu les bienfaits de la thérapie et donc, je me montrais sévère et intransigeante, ainsi que mon ex-mari. Je pense qu'à un moment, on ne savait plus trop où donner de la tête.

C'est le coeur gros que je repense à cette période.

Je savais que ça n'allait pas. Mais jamais au grand jamais je me serais douté de ce qui se préparait!

J'ai consulté les intervenants de l'école.
Je soulignais les difficultés scolaires de mon fils, je réclamais aide et soutien. Professeurs surchargés et souvent absents, direction indifférente, c'était pas fort. La psy avait évalué un problème d'attention (ainsi qu'à mon autre fils).
Côté physiologique j'ai consulté médecin, pédiatre. Tout semblait correct, bonne santé, pas de mononucléose, dépistage de drogue négatif.
Au privé on a consulté un psychologue. Il nous a écouté et a tenté de nous aider en nous faisant un plan de vie, que nous avons signé. Contrat jamais respecté, évidemment.
Au CLSC, on a eu un suivi aussi. Un peu pour mon fils, un peu pour ma fille, beaucoup pour moi.

À cette même époque, notre famille a traversé diverses épreuves qui n'ont sans doute pas aidé.
Ma grand-mère a souffert d'Alzheimer + un cancer rectal et nous l'avons hébergée 8 mois, soit jusqu'à quelques mois avant son décès en 2005.
Cette situation a causé un grave éclatement familial du côté maternel.
Puis ya mon ex-mari qui a développé une maladie invalidante; il souffrait de douleurs chroniques intenses, en lien avec son diabète. Une polyneuropathie diabétique dégénérative. Ça l'a amené à consommer beaucoup de médicaments et son caractère a changé. Il était devenu exécrable, notamment avec Max. Vraiment exécrable.

Et comme Max avait son ptit caractère, déjà passablement opposant, et l'autre en rajoutait sans aucune gêne, ça faisait facilement des flamèches.
Et c'est ainsi, dans un lourd conflit, que Max a appris qu'il n'était pas son père.

L'opposition venait de diverses manières.
Parfois il ne voulait pas s'habiller pour aller dehors alors qu'il faisait très froid. Il avait une résistance incroyable à toute forme de raisonnement. D'autres fois, il manquait de jugement dans certaines situations, et vu son intelligence, c'en était abérrant. C'est aussi à cette époque qu'il a refusé de faire couper ses cheveux.
J'ignore si c'était le début des symptômes, en mode léger.

Plus tard, quand est venu le temps de la séparation, du divorce, ça a été très dur. Les dernières semaines de cohabitation étaient à la limite de la violence conjugale et envers Max, mon ex s'est même permis de le frapper.
C'était tellement odieux que les policiers ont dû intervenir plusieurs fois jusqu'à ce que finalement je choisisse de quitter la maison avec mes enfants, de contacter une avocate, et d'entreprendre les démarche pour réintégrer légalement le domicile tandis que lui en sortait.
Nous avons été hébergés pendant 5 semaines chez un ami dans des conditions assez difficiles. Nous étions en sécurité, mais en situation précaire. On était 5 dans la même chambre, avec le strict minimum de nos effets personnels, manque d'argent, beaucoup de voyagement pour aller à l'école. Bref, c'était vraiment difficile.

Pendant ces 5 semaines, j'ai remarqué un énorme changement chez mon fils.
Il s'isolait, parlait peu, passait des heures couché à regarder des films, il oubliait ses choses, était désorganisé. Mon 2ème fils m'a dit à cette époque que les jeunes à l'école le surnommaient "le psychopathe"!! Je demandais pourquoi, et il a dit "Je sais pas...à cause d'une fille peut-être...et parce qu'il regarde le monde drôlement."
C'en est resté là sur ce point.

Une fois, on passait devant la crémerie et plusieurs personnes mangeaient leurs cornets sur la terrasse extérieure. Il a voulu savoir qui étaient ces gens. Je ne comprenais pas trop le sens de la question, je croyais qu'il niaisait. C'était des clients, tout simplement. Mais non, lui il voulait savoir QUI ils étaient.

Parfois, il fixait les airs d'un regard illuminé, un peu comme s'il voyait des anges, ou Dieu dans le ciel...il avait l'air tout heureux et souriait béatement. Parfois il marmonnait, tout bas, et se mettait à rire comme pour lui-même. Au début c'était discret.

Je reportais la responsabilité sur la précarité de notre situation.

Plus tard, quand on est revenus à la maison, ça s'est agravé.

Il passait des fins de semaine complètes dans sa chambre, il attachait sa porte de l'intérieur avec des cordons. Aussi, il passait des heures assis dans un fauteuil, enroulé dans une doudou, les pieds sur le lit, à regarder dans le vide. Parfois il se mettait à rire, sans raison.
J'ai tenté de lui parler, de le raisonner, de lui secouer les puces. Je craignais qu'il se drogue, je lui demandais qu'est-ce qu'il avait pris qui le mettait dans cet état.
J'étais vraiment certaine qu'il avait consommé une cochonnerie...

Une fois, je lui parlais, et ses yeux se sont mis à "tilter" dans les coins.
Je ne savais plus quoi faire. J'étais inquiète, en colère même! j'étais certaine, tellement certaine qu'il consommait des drogues impures et dangeureuses. 

Il riait de moi quand je mentionnais que je souhaitais l'emmener à l'hôpital.

Puis un jour l'école m'a convoquée. La directrice m'a annoncé cette triste nouvelle comme quoi il avait posé des gestes déplacés envers une fille de l'école. Il la suivait, la regardait constamment et déplaisamment. Le père a déclaré qu'à la prochaine offense, il contacterait la police. Sur ce, l'éducateur spécialisé de l'école s'est joint à la rencontre et m'a fortement recommandé d'emmener mon fils à l'hôpital.
Il était reconnu comme un grand consommateur de drogues.

Nous sommes donc allés à l'hôpital et il a été admis en pédo-psychiatrie.
Nous ne le savions pas encore mais nos vies venaient de basculer.

C'était en mai 2007. Il venait tout juste d'avoir 15 ans.
Je ne sais pas s'il existe quelque chose de plus cruel, que ce soit pour un enfant, ou pour une mère: Il n'est jamais revenu habiter à la maison.

 

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Commentaires
Il était une fois la schizophrénie...
  • La schizophrénie, cette terrible maladie, est entrée dans ma vie en 2007. Avant, tout semblait bien aller; j'étais la fière maman de 3 beaux enfants en santé. J'étais loin de me douter que tout allait bientôt basculer.
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